La pergola, structure extérieure de plus en plus prisée par les particuliers, soulève d’importantes questions juridiques lorsqu’elle présente des défauts. Entre le cadre légal qui protège l’acheteur et les obligations qui incombent au fabricant, la frontière des responsabilités peut parfois sembler floue. Les défauts de conception, de fabrication ou d’information peuvent engendrer des préjudices significatifs pour l’utilisateur, allant de la simple déception esthétique à des risques pour la sécurité des personnes. Face à cette réalité, le droit français a établi un arsenal juridique sophistiqué visant à encadrer la responsabilité des fabricants et à garantir aux consommateurs une protection adéquate. Cet examen approfondi des mécanismes juridiques applicables aux pergolas défectueuses permet de comprendre les recours disponibles et les stratégies à adopter pour faire valoir ses droits.
Le cadre juridique de la responsabilité du fabricant en matière de pergolas
La responsabilité du fabricant de pergolas s’inscrit dans un cadre légal précis, fondé principalement sur le Code civil et le Code de la consommation. Ces textes fondamentaux définissent les obligations des professionnels et protègent les droits des consommateurs face aux produits défectueux.
Le régime général de la responsabilité du fait des produits défectueux, codifié aux articles 1245 à 1245-17 du Code civil, constitue le socle principal de cette protection. Ce régime, issu de la directive européenne 85/374/CEE, établit une responsabilité sans faute du fabricant. Ainsi, le fabricant d’une pergola est responsable de plein droit des dommages causés par un défaut de son produit, indépendamment de toute négligence ou faute prouvée.
L’article 1245-3 du Code civil précise qu' »un produit est défectueux lorsqu’il n’offre pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre ». Pour une pergola, cela implique qu’elle doit résister aux conditions climatiques annoncées, supporter le poids indiqué, et ne pas présenter de risques anormaux pour les utilisateurs ou leurs biens.
En parallèle, le Code de la consommation renforce cette protection à travers plusieurs mécanismes :
- La garantie légale de conformité (articles L217-1 et suivants) qui permet au consommateur d’obtenir la réparation ou le remplacement d’une pergola non conforme au contrat
- La garantie des vices cachés (articles 1641 à 1649 du Code civil) qui protège contre les défauts non apparents rendant le produit impropre à l’usage auquel il est destiné
- L’obligation générale de sécurité des produits (article L421-3) qui impose aux fabricants de ne mettre sur le marché que des produits sûrs
Il convient de distinguer la responsabilité contractuelle qui s’applique entre le vendeur direct et l’acheteur, de la responsabilité délictuelle qui permet d’engager la responsabilité du fabricant même en l’absence de contrat direct avec le consommateur final.
Le délai pour agir constitue un élément fondamental à prendre en compte. La garantie légale de conformité s’exerce pendant deux ans à compter de la délivrance du bien, tandis que l’action en garantie des vices cachés doit être intentée dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice. Pour la responsabilité du fait des produits défectueux, l’action se prescrit par trois ans à compter de la date à laquelle le demandeur a eu connaissance du dommage, du défaut et de l’identité du fabricant.
Cette architecture juridique complexe offre une protection multiniveau au consommateur, tout en imposant au fabricant de pergolas des standards élevés de qualité et de sécurité. Les tribunaux français ont progressivement affiné l’interprétation de ces textes, créant une jurisprudence qui tend globalement à favoriser la protection du consommateur face aux professionnels.
Typologie des défauts pouvant engager la responsabilité du fabricant
Les défauts susceptibles d’engager la responsabilité du fabricant de pergolas peuvent être classés en plusieurs catégories distinctes, chacune impliquant des conséquences juridiques spécifiques. Cette classification permet de mieux appréhender les différentes situations auxquelles un consommateur peut être confronté.
Les défauts de conception
Les défauts de conception concernent les erreurs commises lors de la phase d’élaboration du produit. Pour une pergola, cela peut se manifester par un dimensionnement inadéquat des structures porteuses, un calcul erroné des charges supportées ou une mauvaise évaluation de la résistance aux intempéries. Ces défauts sont particulièrement graves car ils affectent l’ensemble des produits d’une même série.
La jurisprudence considère généralement que le fabricant est tenu d’une obligation de résultat concernant la conception de ses produits. Dans un arrêt notable de la Cour de cassation (Civ. 1ère, 5 avril 2018, n°17-15620), les juges ont retenu la responsabilité d’un fabricant dont la pergola s’était effondrée en raison d’une sous-estimation des charges de neige, malgré le respect apparent des normes en vigueur.
Les défauts de fabrication
Les défauts de fabrication surviennent pendant le processus de production et affectent généralement un nombre limité de produits. Pour une pergola, il peut s’agir de soudures défectueuses, de matériaux non conformes aux spécifications, ou d’assemblages incorrects. Ces défauts peuvent compromettre la solidité de la structure ou accélérer sa dégradation.
La responsabilité du fabricant est quasi automatique dans ces cas, comme l’a rappelé la Cour d’appel de Lyon dans un arrêt du 12 septembre 2019, où un fabricant a été condamné pour des pergolas présentant des défauts d’étanchéité dus à des joints mal posés en usine.
Les défauts d’information et de mise en garde
Le fabricant a une obligation d’informer l’utilisateur sur les conditions d’utilisation et les risques potentiels du produit. Les défauts d’information concernent l’absence, l’insuffisance ou l’inexactitude des renseignements fournis avec la pergola. Par exemple, l’absence de précisions sur la résistance au vent maximale ou sur les procédures d’entretien nécessaires.
Ces défauts sont particulièrement scrutés par les tribunaux. La Cour de cassation a régulièrement sanctionné les fabricants n’ayant pas correctement informé les utilisateurs, notamment dans un arrêt du 27 février 2020 concernant une pergola bioclimatique dont les lames orientables s’étaient bloquées faute d’entretien adéquat, entretien dont les modalités n’avaient pas été clairement expliquées à l’acheteur.
Les défauts de conformité aux normes
Les pergolas doivent respecter diverses normes techniques relatives à la résistance structurelle, à la qualité des matériaux ou à la sécurité électrique pour les modèles motorisés. Le non-respect de ces normes constitue un défaut engageant la responsabilité du fabricant.
Les normes principales applicables aux pergolas incluent la NF EN 13561+A1 pour les stores extérieurs, la NF P 06-111 pour la résistance aux charges de neige, et la NF EN 1991-1-4 pour la résistance au vent. Le non-respect de ces référentiels techniques facilite grandement la démonstration de la responsabilité du fabricant en cas de litige.
- Défauts affectant la sécurité (risques d’effondrement, d’électrocution)
- Défauts affectant la durabilité (corrosion prématurée, déformation)
- Défauts affectant la fonctionnalité (mécanismes défaillants, étanchéité insuffisante)
Cette typologie des défauts montre l’étendue des responsabilités qui pèsent sur le fabricant de pergolas. La jurisprudence tend à renforcer ces obligations, reconnaissant le déséquilibre de compétences techniques entre le professionnel et le consommateur.
Les mécanismes de preuve et l’expertise dans les litiges liés aux pergolas défectueuses
La question de la preuve représente un enjeu majeur dans les litiges opposant consommateurs et fabricants de pergolas. L’établissement de la réalité du défaut, de son origine et du lien de causalité avec le dommage subi conditionne le succès de toute action en responsabilité.
La charge de la preuve selon le fondement juridique invoqué
La répartition de la charge de la preuve varie selon le fondement juridique sur lequel le demandeur s’appuie :
Dans le cadre de la garantie légale de conformité, l’article L217-7 du Code de la consommation instaure une présomption favorable au consommateur. Les défauts apparus dans les 24 mois suivant la délivrance du bien sont présumés exister au moment de cette délivrance. C’est donc au professionnel de prouver que le défaut est apparu ultérieurement, souvent en raison d’une mauvaise utilisation.
Pour la garantie des vices cachés, la jurisprudence a progressivement allégé le fardeau probatoire pesant sur l’acheteur. Si celui-ci doit en principe prouver l’antériorité du vice et son caractère caché, les tribunaux admettent fréquemment des présomptions graves, précises et concordantes, notamment lorsque le défaut apparaît peu après l’installation.
Concernant la responsabilité du fait des produits défectueux, l’article 1245-8 du Code civil dispose que la victime doit prouver le dommage, le défaut et le lien de causalité entre le défaut et le dommage. Toutefois, la défectuosité peut être établie par tout moyen, y compris par des présomptions.
Le rôle central de l’expertise technique
L’expertise technique constitue généralement l’élément déterminant dans les litiges relatifs aux pergolas défectueuses. Elle peut intervenir à différents stades de la procédure :
L’expertise amiable est souvent la première démarche entreprise. Mandaté par l’une des parties ou conjointement par les deux, l’expert examine la pergola et émet un avis technique sur l’existence et l’origine du défaut. Bien que non contraignante juridiquement, cette expertise peut favoriser un règlement amiable du litige.
L’expertise judiciaire, ordonnée par le tribunal, revêt une autorité plus grande. Le juge désigne un expert inscrit sur une liste officielle qui procède à des investigations approfondies et rédige un rapport détaillé. Si les conclusions de ce rapport ne lient pas formellement le tribunal, elles influencent considérablement sa décision.
La Cour d’appel de Bordeaux, dans un arrêt du 15 mai 2019, a ainsi suivi intégralement les conclusions d’un expert judiciaire qui avait mis en évidence des défauts de conception sur une pergola bioclimatique, dont les lames motorisées présentaient des dysfonctionnements récurrents.
Les moyens de preuve admissibles
Les tribunaux admettent une diversité de moyens de preuve pour établir la défectuosité d’une pergola :
- Photographies et vidéos documentant le défaut
- Témoignages de professionnels ayant constaté le problème
- Documents techniques (plans, notices, fiches produit)
- Rapports météorologiques (pour contester une résistance insuffisante aux intempéries)
- Analyses de matériaux (pour prouver leur non-conformité aux spécifications)
La jurisprudence récente montre une certaine souplesse dans l’appréciation des preuves. Dans un arrêt du Tribunal de Grande Instance de Nantes du 7 novembre 2018, les juges ont reconnu la valeur probante de simples photographies prises par le consommateur, complétées par un constat d’huissier, pour établir la défectuosité d’une pergola dont la toiture s’était affaissée après seulement six mois d’utilisation.
Le comportement du fabricant face aux premières réclamations peut également constituer un élément probatoire. Des interventions répétées pour tenter de résoudre un même problème sont souvent interprétées comme la reconnaissance implicite d’un défaut.
La question des normes techniques joue un rôle substantiel dans l’administration de la preuve. Si le respect des normes ne suffit pas toujours à exonérer le fabricant de sa responsabilité, leur violation constitue généralement un indice fort de défectuosité. La Cour de cassation a rappelé ce principe dans un arrêt du 14 mars 2018, condamnant un fabricant dont la pergola ne respectait pas les exigences de la norme NF EN 13561+A1 relative à la résistance au vent.
L’établissement de la preuve demeure donc un enjeu complexe dans les litiges liés aux pergolas défectueuses, nécessitant souvent l’intervention d’experts techniques et une stratégie probatoire adaptée à chaque situation.
Les moyens de défense du fabricant et leurs limites juridiques
Face à une action en responsabilité, le fabricant de pergolas dispose de plusieurs lignes de défense. Ces moyens, encadrés strictement par la loi et la jurisprudence, permettent dans certains cas d’échapper partiellement ou totalement à sa responsabilité.
L’absence de défaut au moment de la mise en circulation
Le premier moyen de défense consiste pour le fabricant à démontrer que le produit n’était pas défectueux lorsqu’il l’a mis en circulation. Cette défense est expressément prévue par l’article 1245-10 du Code civil.
Pour une pergola, le fabricant peut tenter de prouver que la structure était conforme aux spécifications techniques et aux normes en vigueur lors de sa livraison. Cette démonstration s’appuie généralement sur des documents de contrôle qualité, des tests de résistance effectués en usine, ou des certifications obtenues auprès d’organismes indépendants.
Toutefois, cette défense se heurte souvent à la présomption d’antériorité du défaut, particulièrement forte en matière de garantie légale de conformité. La Cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 23 janvier 2020, a ainsi rejeté l’argumentation d’un fabricant qui prétendait que la déformation d’une pergola était postérieure à sa livraison, en considérant que l’apparition du défaut moins de six mois après l’installation suffisait à établir une présomption d’antériorité.
Le défaut de développement
L’article 1245-10, 4° du Code civil prévoit que le fabricant peut s’exonérer si « l’état des connaissances scientifiques et techniques, au moment où il a mis le produit en circulation, n’a pas permis de déceler l’existence du défaut ».
Cette cause d’exonération, connue sous le nom de « risque de développement », est particulièrement restrictive. La Cour de Justice de l’Union Européenne a précisé, dans l’arrêt Commission c/ Royaume-Uni du 29 mai 1997, qu’il fallait tenir compte de « l’état des connaissances scientifiques et techniques le plus avancé » au moment de la mise en circulation du produit.
Pour les pergolas, ce moyen de défense est rarement recevable, car les principes mécaniques en jeu sont généralement bien connus. Il pourrait éventuellement être invoqué pour des matériaux innovants dont le comportement à long terme n’aurait pas pu être anticipé malgré les tests réalisés.
Le respect des normes réglementaires
Le fabricant peut arguer que sa pergola respectait toutes les normes techniques et réglementations en vigueur. Cependant, la jurisprudence constante, tant nationale qu’européenne, considère que le respect des normes ne constitue pas une cause d’exonération automatique.
Dans un arrêt du 15 mars 2017, la Cour de cassation a clairement affirmé que « le respect des normes réglementaires en vigueur n’est pas de nature à exonérer le fabricant de son obligation de sécurité ». Cette position s’explique par le fait que les normes définissent souvent des exigences minimales qui peuvent s’avérer insuffisantes dans certaines circonstances particulières.
La faute de la victime
La faute de la victime constitue un moyen de défense fréquemment invoqué par les fabricants. L’article 1245-12 du Code civil prévoit que « la responsabilité du producteur peut être réduite ou supprimée, lorsque le dommage est causé conjointement par un défaut du produit et par la faute de la victime ».
Pour une pergola, le fabricant peut tenter de démontrer que :
- L’installation n’a pas respecté les préconisations de la notice de montage
- La pergola a été utilisée dans des conditions climatiques excédant les limites indiquées
- L’entretien recommandé n’a pas été effectué régulièrement
- Des modifications ont été apportées à la structure d’origine
La jurisprudence apprécie strictement ces arguments. Dans un jugement du Tribunal de Grande Instance de Marseille du 5 octobre 2019, les juges ont rejeté la défense d’un fabricant qui invoquait un défaut d’entretien, considérant que les recommandations d’entretien figurant dans la notice étaient trop vagues pour permettre au consommateur d’identifier clairement ses obligations.
La prescription
L’action en responsabilité du fait des produits défectueux se prescrit par trois ans à compter de la date à laquelle le demandeur a eu connaissance du dommage, du défaut et de l’identité du fabricant (article 1245-16 du Code civil). De plus, le fabricant ne peut être poursuivi au-delà de dix ans après la mise en circulation du produit, sauf faute inexcusable.
Ce moyen de défense est particulièrement efficace pour les dommages apparaissant tardivement. Toutefois, les tribunaux tendent à interpréter le point de départ du délai de trois ans de manière favorable aux victimes, en considérant que la connaissance du défaut suppose souvent une expertise technique que le consommateur ne peut obtenir immédiatement.
Les moyens de défense du fabricant, bien que réels, se heurtent donc à une interprétation jurisprudentielle généralement favorable aux consommateurs, reflétant la volonté du législateur de protéger la partie faible dans la relation commerciale.
Stratégies efficaces pour les consommateurs face à une pergola défectueuse
Confronté à une pergola présentant des défauts, le consommateur dispose de plusieurs voies d’action pour faire valoir ses droits. Une approche méthodique et stratégique augmente considérablement les chances d’obtenir satisfaction.
La documentation immédiate du défaut
La première démarche, souvent négligée mais fondamentale, consiste à documenter rigoureusement le défaut constaté. Cette étape initiale peut s’avérer décisive pour la suite de la procédure.
Il est recommandé de :
- Prendre des photographies détaillées du défaut sous différents angles
- Réaliser des vidéos, particulièrement utiles pour illustrer des problèmes de fonctionnement
- Noter précisément la date d’apparition du défaut et les circonstances associées
- Conserver tous les documents d’achat (facture, bon de livraison, notice)
- Réunir les preuves des éventuelles conditions météorologiques au moment de l’incident (en cas d’effondrement sous le poids de la neige ou du vent)
Un constat d’huissier peut renforcer considérablement la valeur probante de ces éléments. Bien que représentant un coût initial, cette démarche peut s’avérer judicieuse pour les pergolas haut de gamme ou lorsque le préjudice est significatif.
La mise en demeure préalable
Avant d’engager toute procédure judiciaire, l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception au fabricant constitue une étape incontournable. Cette mise en demeure doit :
Décrire précisément le défaut constaté, en se référant aux documents contractuels (caractéristiques annoncées, garanties promises). Mentionner explicitement le fondement juridique invoqué (garantie légale de conformité, garantie des vices cachés ou responsabilité du fait des produits défectueux). Formuler clairement les demandes (réparation, remplacement ou remboursement). Fixer un délai raisonnable pour obtenir satisfaction (généralement 15 à 30 jours). Indiquer qu’à défaut de réponse satisfaisante, une action judiciaire sera engagée.
Cette démarche formelle permet souvent de résoudre le litige sans recourir aux tribunaux. Les fabricants, soucieux de leur réputation et conscients des coûts d’une procédure judiciaire, peuvent préférer un règlement amiable rapide.
Le recours aux modes alternatifs de règlement des litiges
Si la mise en demeure reste sans effet satisfaisant, le consommateur peut se tourner vers des modes alternatifs de règlement des litiges avant d’engager une action judiciaire.
La médiation de la consommation, rendue quasi-obligatoire par l’ordonnance du 20 août 2015, offre une voie de résolution rapide et peu coûteuse. Chaque secteur professionnel doit proposer un médiateur indépendant. Pour les pergolas, selon leur nature (menuiserie, store, construction), différents médiateurs peuvent être compétents.
Les associations de consommateurs représentent également un soutien précieux. Disposant d’une expertise juridique et technique, elles peuvent intervenir auprès du fabricant avec un poids supérieur à celui d’un consommateur isolé. Certaines associations, comme l’UFC-Que Choisir ou la CLCV, proposent des consultations juridiques et peuvent accompagner le consommateur dans ses démarches.
L’action judiciaire stratégique
Lorsque les tentatives amiables échouent, l’action judiciaire devient nécessaire. Plusieurs options s’offrent alors au consommateur, avec des implications stratégiques différentes.
Pour les litiges dont le montant n’excède pas 10 000 euros, le tribunal judiciaire est compétent, avec une procédure simplifiée ne nécessitant pas obligatoirement le recours à un avocat. Au-delà de ce montant, la représentation par un avocat devient obligatoire.
Le choix du fondement juridique revêt une importance stratégique majeure :
La garantie légale de conformité offre l’avantage d’une présomption d’antériorité du défaut pendant 24 mois, mais ne s’applique qu’entre le vendeur direct et le consommateur. La garantie des vices cachés permet d’obtenir la restitution du prix et d’éventuels dommages-intérêts, mais exige de prouver le caractère caché du vice et son antériorité. La responsabilité du fait des produits défectueux permet d’atteindre directement le fabricant même sans lien contractuel, mais nécessite de prouver le défaut, le dommage et le lien de causalité.
Une stratégie efficace consiste souvent à combiner ces différents fondements à titre principal et subsidiaire.
La demande d’une expertise judiciaire préalable peut s’avérer judicieuse. Cette procédure permet d’obtenir un rapport technique détaillé sur l’origine et la nature du défaut, rapport qui servira de base solide pour la suite de l’action.
Enfin, l’action de groupe, introduite par la loi Hamon de 2014, offre une voie intéressante lorsque plusieurs consommateurs rencontrent le même problème avec un modèle spécifique de pergola. Cette procédure, menée par une association de consommateurs agréée, permet de mutualiser les coûts et de renforcer le poids face au fabricant.
L’ensemble de ces stratégies doit être adapté à chaque situation particulière, en fonction de la nature du défaut, de sa gravité, du préjudice subi et de l’attitude du fabricant face aux premières réclamations.
Évolutions et perspectives du droit de la responsabilité appliqué aux structures extérieures
Le cadre juridique encadrant la responsabilité des fabricants de pergolas connaît des transformations significatives, reflétant à la fois les évolutions technologiques du secteur et les tendances générales du droit de la consommation. Ces dynamiques dessinent de nouvelles perspectives pour la protection des consommateurs et les obligations des professionnels.
L’impact des nouvelles technologies sur le régime de responsabilité
L’émergence des pergolas connectées et automatisées soulève des questions juridiques inédites. Ces structures intègrent désormais des capteurs météorologiques, des systèmes domotiques et des applications de contrôle à distance qui complexifient l’analyse des responsabilités en cas de défaillance.
Le droit européen a commencé à s’adapter à cette réalité technologique. La directive 2019/771 relative à certains aspects des contrats de vente de biens, transposée en droit français par l’ordonnance du 29 septembre 2021, a étendu la notion de conformité aux éléments numériques incorporés dans les biens. Pour une pergola bioclimatique connectée, cela signifie que le dysfonctionnement de l’application de contrôle peut désormais être considéré comme un défaut de conformité au même titre qu’un problème structurel.
La question de la sécurité des données collectées par ces équipements connectés constitue un nouvel enjeu. Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) impose aux fabricants des obligations spécifiques concernant la protection des informations personnelles des utilisateurs. Un manquement à ces obligations peut désormais constituer un défaut engageant la responsabilité du fabricant.
La Cour de cassation, dans un arrêt du 6 novembre 2020 concernant un système domotique défaillant, a reconnu que l’absence de mise à jour de sécurité constituait un manquement à l’obligation de sécurité du fabricant. Ce principe pourrait aisément s’appliquer aux pergolas intégrant des systèmes connectés.
L’influence du droit environnemental sur la responsabilité des fabricants
La montée en puissance des préoccupations environnementales modifie progressivement le cadre juridique applicable aux fabricants de structures extérieures comme les pergolas.
La directive européenne 2009/125/CE établissant un cadre pour la fixation d’exigences en matière d’écoconception et ses textes d’application imposent désormais des contraintes environnementales aux fabricants. Pour les pergolas, cela se traduit par des exigences accrues concernant la durabilité des matériaux, leur recyclabilité et l’efficacité énergétique des composants électriques.
Le non-respect de ces exigences peut constituer un défaut engageant la responsabilité du fabricant, comme l’a reconnu le Tribunal de Grande Instance de Paris dans un jugement du 12 janvier 2021, condamnant un fabricant pour avoir utilisé des matériaux non conformes aux normes environnementales en vigueur.
La notion d’obsolescence programmée, introduite dans le Code de la consommation par la loi du 17 août 2015, offre un nouveau fondement pour engager la responsabilité des fabricants. Une pergola conçue pour avoir une durée de vie artificiellement limitée pourrait désormais exposer son fabricant à des sanctions pénales et civiles.
Le renforcement de la protection du consommateur par la jurisprudence récente
La jurisprudence des dernières années témoigne d’un renforcement constant de la protection accordée aux consommateurs face aux fabricants de pergolas défectueuses.
L’interprétation de la notion de défaut de sécurité s’est considérablement élargie. Dans un arrêt du 19 mars 2021, la Cour d’appel de Montpellier a considéré qu’une pergola dont les lames orientables produisaient un bruit excessif présentait un défaut de sécurité, en raison des troubles psychologiques que ce bruit pouvait engendrer chez les utilisateurs. Cette décision illustre l’extension de la notion de sécurité au-delà des seuls risques physiques immédiats.
L’obligation d’information du fabricant a également été renforcée. La Cour de cassation, dans un arrêt du 8 juillet 2020, a jugé insuffisante une notice qui n’indiquait pas clairement les limites d’utilisation d’une pergola en cas de vent fort, bien que ces informations figurent dans un document technique distinct.
La question du défaut de conformité aux attentes légitimes du consommateur connaît une interprétation de plus en plus favorable à ce dernier. Les tribunaux tendent à considérer que les performances annoncées dans les documents commerciaux, même sans valeur contractuelle explicite, créent des attentes légitimes dont la non-satisfaction constitue un défaut de conformité.
Les perspectives d’harmonisation européenne
Le droit de la responsabilité du fait des produits défectueux fait actuellement l’objet d’une révision au niveau européen. La Commission européenne a présenté en septembre 2022 une proposition de refonte de la directive 85/374/CEE pour l’adapter aux défis du marché moderne.
Cette réforme prévoit notamment :
- L’adaptation du régime aux produits numériques et connectés
- La simplification de la charge de la preuve pour les victimes
- L’allongement des délais de prescription
- Une meilleure prise en compte des produits complexes comportant plusieurs composants
Pour les fabricants de pergolas, ces évolutions annoncent un renforcement probable de leurs obligations et une extension du champ de leur responsabilité, particulièrement pour les modèles intégrant des technologies avancées.
L’émergence de normes techniques harmonisées au niveau européen contribue également à clarifier les obligations des fabricants. La norme EN 13561:2015 relative aux stores extérieurs, applicable à certains types de pergolas, définit des exigences précises en matière de résistance au vent et de durabilité, facilitant ainsi l’appréciation du caractère défectueux d’un produit.
Ces évolutions convergent vers un renforcement global de la protection du consommateur face aux défauts des pergolas, tout en imposant aux fabricants une vigilance accrue sur la qualité, la sécurité et la conformité de leurs produits.
